Prix Mireille Küttel 2025
- Catégorie : Concours d'écriture
Chaque année, le gymnase de Renens organise un prix d’écriture pour les élèves afin d’encourager l’écriture créative. Le thème et la forme du texte soumis sont entièrement libres, les élèves peuvent tout aussi bien proposer une nouvelle, un poème, une scène de théâtre, une chanson, etc. Depuis l’année dernière, le prix porte le nom de Mireille Küttel, une journaliste et écrivaine née à Renens en 1928, issue de l’immigration et aujourd’hui décédée, qui a notamment exploré dans ses textes la vie des gens de condition modeste et les questions migratoires, et qui a beaucoup œuvré afin de promouvoir le travail d’autres écrivaines romandes.
Cette année, nous avons reçu sept textes de la part des élèves et deux d’entre eux ont particulièrement impressionné le jury. Le prix est donc remis à deux lauréats pour la qualité de leur création, l’une en vers, l’autre en prose. Il s’agit de Nelson Costa de 3M10 et Lohan Rohrbach de 3Mb11. Pour les plus curieux et curieuses d’entre vous, les textes des lauréats seront affichés à la bibliothèque dès la rentrée scolaire.
Nelson Costa, 3M10 – « L’amertume avec une plume »
Nelson a rédigé un ensemble de 13 poèmes retraçant les méandres des pensées d’un gymnasien.
Les membres du jury ont apprécié sa capacité à nous laisser entrer dans un univers subtile et intimiste où les aléas de l’âme du poète sont partagés de façon authentique, rythmée et dynamique, dans une langue recherchée et fluide. La posture d’auteur que Nelson adopte, la richesse de ses références culturelles et musicales, son aptitude à se défaire des carcans et la touche effrontée de ses vers ont conquis le jury. Ces qualités sont remarquables et le jury encourage vivement Nelson à continuer d’écrire !
Extrait de « L’amertume avec une plume »
Tout, sauf le nécessaire
J’ai tout pour être heureux, toujours triste
J’ai parlé avec cette fille au regard si triste
J’ai parlé avec cette fille aux ongles d’artiste
J’ai parlé avec moi-même, j’étais pessimiste
J’me noie dans mon chagrin aromatisé au rhum
Et je l’ai faite pleurer quand j’en ai parlé à ma reum
J’ai troué mes poumons à la recherche du seum
Et j’ai fini sur un banc à me tourmenter seul
J’vois les grands le faire, j’aimerais qu’ils me reconnaissent
J’vois les petits essayer, je souhaite qu’ils progressent
L’écriture : tout un art, j’viens pour peindre ma fresque
Je sais qu’avec cette voie, j’ai une épée de Damoclès
J’suis marginal, j’suis anormal
Et malgré ces défauts, je me sens si spécial
Antisocial, anti-banal
Je poursuis mes cinq sens comme mes initiales
Lohan Rohrbach, 3Mb11 – « Titre »
Les membres du jury ont apprécié l’originalité de ce texte et notamment sa capacité à dérouter le lecteur en le laissant d’abord dans le flou, pour l’entrainer ensuite dans un univers intéressant, teinté de philosophie et d’humour, et comportant une vraie réflexion sur la narration.
En effet, Lohan a imaginé un dialogue complètement décalé entre le protagoniste de son récit et la voix narrative qui relate les faits. Son récit démontre une véritable recherche stylistique et structurelle, notamment dans la progression et la chute de l’histoire.
Ces qualités sont remarquables et le jury encourage également vivement Lohan à continuer d’écrire !
Extrait de « Titre »
Le jeune homme, de manière bien compréhensive, était perturbé. Il était pourtant bien face-à-Abstraction avec quelque chose de plus que nouveau, quelque chose d’inouï, quelque chose qui ne sera certainement jamais vu.
« Mais t’es dans mon imagination ? Comment qu’ça marche tout ça, j’suis pas sûr d’avoir compris là… Non mais ça va pas, j’suis en train de parler à des voix dans ma tête, j’ai vraiment perdu la boule ! »
Le garçon n’était – contre son avis – pas détraqué. Rien ou personne ne s’exprimait dans ses pensées, son esprit était serein. La seule différence qu’il pouvait remarquer : il était maintenant capable de percevoir ses Descriptions, pour une raison bien plus qu’inconnue.
« Je- J’ai le boulot là ! Je peux pas- J’ai pas- Je comprends pas, je- »
Il était anxieux, son cœur commençait doucement à palpiter. Pourtant, il était conscient du fait qu’il n’avait pas les minutes nécessaires : il devait partir travailler dans le prochain quadrant. Il regarda le réveille-matin sur sa commode de chambre : sept heures et vingt-quatre minutes.
« MERDE ! »
S’écria-t-il, frénétique.